京都森田療法研究所より、新年のご挨拶

2015/01/13

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 遅まきながら、新年のご挨拶を申し上げます。

 昨年は、京都でのPSYCAUSE国際学会の開催を引き受けたり、長年関わっている三聖病院の閉院に直面したりと、大きな任務や出来事を経験しました。これらの問題の総括はなお本年へと継続しますし、さらに新たな課題にも遭遇しそうです。

 

 本年もどうぞよろしくお願いいたします。
 

主宰者 岡本重慶

研究員 一同  

協力者 一同  

 
 

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 昨秋PSYCAUSEの国際学会で京都に来たフランス人たちの中で、とりわけ日本文化に関心をもつ人物と、新たに知己になりました。ストラスブールに近いコルマールに在住する精神分析家の、Nyl ERB(ニル・エルブ)女史です。アルザス地方には、日本に親和性をもつ精神的風土が根付いているようです。20年くらい前、春にコルマールを訪れたことがありましたが、桜が満開だったのを憶えています。エルブ女史によると、コルマールには、アルザス・欧州日本学研究所があり、またストラスブール郊外には禅堂があるそうです。
 彼女とは個人的にメールで交流をしています。
 日本の元旦は雪でしたが、アルザスでは雪もなく、寒さの厳しくない年末年始だったそうです。
 冒頭に掲げた写真はエルブ女史から、新年へ向けての挨拶として送られてきた「赤いバラ」の写真です。もう一枚最後に掲げるのは、同時に送られてきた、暮れなずむアルザスの山々の写真です。

 

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三聖病院、最後の年の瀬

2015/01/13

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閉院を翌日に控えた12月26日(金曜日)夜、診療最後の講話。その始まり。

 
 

26.2

 同、講話中。

 
 
 診療最後の講話の内容は、主に自己意識と他者意識についてでした。

 この週で診療を閉じても、診療としてでない講話を、今後もまだ無期限に続けるのだそうです。「これが自分だというものはない。そのことを保証するのが、私の役割。それも要らないのだけれど、してあげないと豪語をなさるので…」。院長は2回前の講話時にこのように言って、閉院後の診療外自主講話の無期限継続を予告しておられました。

 

 約90年に及ぶ診療は、12月27日(土)をもって幕を閉じました。

 以下の数枚の写真は、一部の職員は居残っていても、患者さんのいなくなった、年末の病院の姿です。
 
 
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診療を閉じた翌週の病院、玄関を上がったところから前庭を見る。この年もあと1日。

 
 

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病棟の方から、閉まった玄関を望む。

 
 

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病棟2階の廊下。このへんには誰もいなくなって久しい。

 
 

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病棟2階の第三十六号室は、森田正馬先生が宿泊なさる専用の部屋だった。
以後あまり使用せずに大切に残されてきた。この部屋も解体される運命にある。

 
 

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第三十六号室の窓からの眺め。屋根ばかりだけれど、正馬先生が見たのと同じ風景である。右は万寿禅寺。

 
 

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暮れゆく同じ風景。

 
 

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夕方、病院の門灯ともる。

 

最後の1週間の院長講話

2014/12/26

1
12月21日(日曜日)午後(講話のはじまり)
 
2
12月21日(日曜日)午後(講話中)
 
3
12月24日(水曜日)夜(講話のはじまり)
 
4
12月24日(水曜日)夜(講話終了前)

 

 

※12月26日(金曜日)夜に、最後の講話がおこなわれます。

診療を閉じる三聖病院―その数日前のたたずまい―

2014/12/26

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この写真を含め、以下7枚12月21日撮影

 
 
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以下3枚12月22日撮影

 
 
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病院の敷地の端に「東福寺境内」と彫られた小さな石碑が残っている。

 
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宇佐玄雄先生の胸像

禅的修養生活における便所掃除の重要性

2014/12/26

 排池とその管理のいとなみは、日常生活において不可欠なものです。古来禅寺でも東司(とうす)と呼ばれている便所は、重要なお堂のひとつです。ちなみに、東福寺の東司は重要文化財になっています。
 共同生活において、皆が使用する便所を清潔に保つことは、とくに大切です。禅的森田療法の入院施設でも、便所掃除は修養的生活における重要な作業のひとつなのです。
 このような修養は入院生活でしかできない貴重な体験です。それが過去のものになろうとしています。
 
 

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三聖病院における個室便所内の掲示(イラストは院長自身による)
 
 

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先の掲示文の拡大

ウィリアムス・ジェイムズと森田正馬

2014/12/26

 森田正馬は「心身の関係」という文章の中で、素朴ながらウィリアムス・ジェイムズの説を引用しています。ジェイムズは、言うまでもなく、プラグマティズムの哲学の旗手であると共に、宗教心理学について論じた人としても知られるアメリカの哲学者、心理学者です。わが国の西田哲学や、ひいては森田理論に通じるものがあります。
 
 このたび、当研究所の客員研究員の高頭直樹教授が、パース、デューイ、ジェイムズから最新のプラグマティズム理論までを解説した定評あるプラグマティズム入門書を翻訳出版されました。プラグマティズムの哲学を学ぶには好適な書物ですので、お薦めしておきます。
 
 ジョン・マーフィ、リチャード・ローティ著、高頭直樹訳『プラグマティズム入門』勁草書房、2014年11月刊。
 
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PSYCAUSE国際学会(京都)の詳報―Webマガジンより―

2014/11/21

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Le site Psycause.info : http://www.psycause.info

 

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 PSYCAUSE国際学会(京都)の開催ニュースは、学会後すぐにPSYCAUSEのホームページに掲載されましたので、それを先に本欄に転載しました。引き続き学会組織内部のWebマガジン10月号(第1章)に、10月19日から21日までの国際学会の経過と各発表の内容が、程よくまとめられて掲載されました。そこで、その第1章の部分のみをここに転載します。
なお機関雑誌PSYCAUSEの2015年第2号は、日本特集号になることが決まり、今回の学会における全発表は論文化の上で、その号に掲載される予定です。

 

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Lettre d’information N°11, octobre 2014

Cette lettre est destinée aux membres du réseau de la revue Psy Cause et de Psy Cause International (rédacteurs, correspondants, membres associatifs). Elle  vient en complément des comptes rendus de réunions et des articles d’actualité publiés sur le site.

Cette lettre d’information couvre principalement notre congrès de Kyoto.

 

1- Congrès de Kyoto (19 au 21 octobre 2014) : 42 congressistes venus de France et du Canada ont été rejoints par 40 congressistes japonais. Un compte rendu détaillé de ces trois jours ainsi que des journées de découverte du pays sont à lire sur le site de Psy Cause sous la forme de 8 carnets à : http://www.psycause.info .

 

Nous en reproduisons dans cette lettre, l’ouverture du 19 octobre 2014 à retrouver sur le site (carnet N°3) :

 

« La première journée du congrès se déroule au huitième étage du Karasuma Convention Hall de Kyoto. Après le mot de bienvenue du Dr Jean Paul Bossuat, Président français du congrès, sur le thème de la rencontre, le Pr Shigeyoshi Okamoto, Président japonais du congrès, prononce le discours d’ouverture :

 

« En tant que responsable de l’organisation, du côté japonais, je voudrais d’abord souhaiter la bienvenue à Kyoto au congrès de Psy Cause, à tous les ressortissants de pays francophones ici présents. Je voudrais aussi les remercier d’être venus de si loin jusqu’ici. Ma gratitude va aussi aux Japonais qui participent avec assiduité, bien qu’il s’agisse d’un colloque en langue étrangère.

 

Quant à moi, Shigeyoshi Okamoto, cela fait une dizaine d’années que j’ai des échanges avec ce mouvement. Notamment, j’avais eu l’honneur d’être invité à faire une conférence sur « La thérapie de Morita et le bouddhisme » au congrès qui s’est tenu au Cambodge en 2012. Mais mon état de santé s’étant aggravé, je n’ai malheureusement pas pu être présent en personne, dérangeant ainsi grandement les membres de Psy Cause. Je voudrais donc saisir l’occasion qui m’est donnée ici pour leur renouveler toutes mes excuses.

 

Cette année, deux ans ayant passé, j’ai dû accepter la tenue de ce congrès, pour me faire pardonner. À vrai dire, avec le Professeur Seko qui fera la première communication aujourd’hui, nous avions pensé qu’il ne serait pas impossible d’organiser en 2015 à Kyoto, sinon un congrès, du moins une réunion de recherche internationale plus informelle. Mais Psy Cause ayant déjà décidé de son côté de tenir ce congrès, j’ai dû assumer seul la responsabilité d’accepter. En conséquence, il m’a fallu en assurer la préparation, sans aucune aide. C’est la raison pour laquelle je vous demanderai de vous montrer indulgents pour les problèmes qui pourraient survenir.

 

Je dois par ailleurs ajouter que l’Hôpital Sansei, qui est l’hôpital le plus traditionnel pour la Thérapie de Morita, fermera ses portes à la fin de cette année. La décision a été prise à la fin de septembre. L’histoire de la Thérapie de Morita évolue depuis le passé jusqu’à présent et du présent vers l’avenir. En voyant les dernières images de l’Hôpital Sansei en activité et en réfléchissant ensemble à la signification historique de cet hôpital, je voudrais que ce congrès soit mémorable.

 

À la place du film qui avait été prévu au programme, on vous montrera donc un documentaire de l’Hôpital Sansei. On vous annonce ainsi qu’une partie des objectifs de ce congrès a changé, du fait des circonstances. Tout en vous demandant de vous montrer compréhensifs à ce sujet, je vous remercie de votre attention. »

 

Les deux vice présidentes, les Drs Patricia Princet et Catherine Lesourd, prennent ensuite la parole, situant ce congrès dans la dynamique et l’historique de Psy Cause, revue et association internationales, en particulier la continuité des trois congrès internationaux de Psy Cause : Siem Reap au Cambodge (2012), Ottawa au Canada (2013) et Kyoto (2014). Le Dr Jean Paul Bossuat clôt cette séquence introductive au congrès, par un hommage au Pr Ka Sunbaunat, Président de notre congrès au Cambodge, auquel vient d’être décerné en septembre à Madrid à l’occasion du congrès mondial de psychiatrie, le prix de Genève pour les droits de l’Homme en Psychiatrie.

 

Les communications peuvent alors commencer devant un public nombreux, avec la parité entre les congressistes français et canadiens d’une part, et les congressistes japonais d’autre part, d’environ 80 personnes. La présence d’une interprète professionnelle crée les conditions d’échanges fructueux entre les participants. Il convient de noter que les communicants japonais de la première journée, ont présenté leur travail en langue française, témoignant de la pertinence d’un congrès francophone au Japon, et du rayonnement de la psychiatrie voire de la psychanalyse françaises en Extrême Orient. »

 

Le Professeur Kei Seko, neurologue et Directeur de l’Hôpital Tango-Furusato (hôpital général au nord de la Préfecture de Kyoto) ouvre les travaux avec sa communication intitulée : « La Vie d’ ARUGAMAMA : la philosophie vitaliste dans la thérapie de Morita ». Il introduit son propos par un tour d’horizon des psychothérapies. La dernière partie de l’exposé du Pr Kei Seko est centrée sur l’application clinique du bouddhisme Zen dans la thérapie de Morita. Il rappelle que la névrose au Japon est une réalité ancienne, citant le propos d’un aristocrate du VIII° siècle (Otomo-no Yakamochi) : « Un jour de beau temps au ciel serein, l’alouette monte, et je suis triste quand je me plonge moi-même dans mes réflexions ». Le Directeur de l’hôpital Sansei, le Dr Shinichi Usa, affirme : « Abandonnez l’introspection et concentrez-vous sur les choses réelles, travaillez pour les autres. » Le Pr Kei Seko achève son exposé par cette citation Dôgen : « Apprendre le bouddhisme, c’est s’apprendre soi-même. S’apprendre soi-même, c’est s’oublier soi-même ».

 

La seconde communication est celle d’une femme japonaise, la Docteure Eri Muso, néphrologue et chef du département de la néphrologie de l’Hôpital Kitano à Osaka: «  L’Identité de la Femme Médecin dans la société japonaise ». Cette intervenante est une ancienne chef du comité de l’égalité des sexes de la société japonaise de néphrologie. Au Japon, dit-elle, le nombre de médecins femmes augmente peu à peu. « En 2013, 18% des médecins étaient des femmes et, surtout, 33% des étudiants diplômés d’une université médicale sont des femmes. Au Japon, malheureusement, beaucoup de femmes quittent leur profession après avoir eu un bébé et ne reviennent jamais à leur position précédente. » La cause du problème de l’abandon de l’activité professionnelle est « non seulement dans l’insuffisance du soutien de la société pour élever les enfants en bas âge, mais aussi dans la mentalité sociale, féodale, la responsabilité d’élever les enfants incombant à la femme, et non à l’homme. »

 

Le Docteur Jean Louis Griguer, psychiatre chef de pôle à Valence, Docteur en philosophie, rédacteur de Psy Cause, communique sur le thème : « Approche phénoménologique de la rencontre ». La question de la rencontre, nous dit-il, est la question centrale de la phénoménologie qui est la pensée de ce qui nous apparaît dans notre expérience commune. « L’expérience est expérience des autres ». Il conclut son propos par ces mots : « La rencontre de l’autre est toujours le commencement d’une aventure avec cette ambiguïté inhérente à toute rencontre. Rencontrer, c’est peut-être se trouver en présence d’un autre auquel ma parole s’adresse et d’une altérité qui m’interpelle, se tourne vers moi, m’implique. »

 

La Docteure Sinziana Véronica Loiso, psychiatre au CHS Fains Veel, rédactrice de la revue Psy Cause,  communique sur le thème : « Manga, images dérisoires qui prennent un contour réel dans un style de vie ». Elle introduit son exposé par la dimension culturelle du phénomène Manga. La Dre Sinziana Véronica Loiso parle de « style de vie » à propos du phénomène Manga : se développent des magasins tenus par des professionnels, les « Manga zone ». Le phénomène Manga a pris de grandes proportions ; il y a des fans pour différents styles qui ont ouvert des blogs sur internet. Souvent, les héros de Manga, pour les fans, deviennent un alter-ego qui aide à surmonter les épreuves difficiles dans leur vie. En seconde partie, elle nous expose un cas clinique à propos duquel le projet médico-social mis en œuvre comporte une prise en charge en hôpital de jour avec un appartement thérapeutique et une mise sous tutelle. Le travail psychothérapique a consisté à développer une passion pour le dessin et l’écriture avec un atelier de création (BD et écriture). Un éditeur s’intéresse à un roman qu’il est en train d’écrire, et une exposition avec ses dessins et ses BD sera organisée pour le mois de novembre. La Dre Sinziana Véronica Loiso nous présente des dessins réalisés par ce jeune patient dans le cadre de l’atelier de création et qui s’intègrent dans des mangas réalisés par lui en présence de ses thérapeutes. Cette expérience thérapeutique a beaucoup intéressé les congressistes japonais et suscité de nombreux échanges.

 

La matinée s’achève sur cette application thérapeutique en France d’un phénomène culturel japonais. Le repas de midi est pris sur place sous la forme du traditionnel « Bento ».  Le récit détaillé de l’après midi est à lire sur le site dans le carnet N°4. Nous en donnons ici un condensé.

 

La première partie de l’après midi est consacrée à la projection d’un film documentaire sur l’Hôpital Sansei en présence du réalisateur, Mr No Nanoka venu de Tokyo. Ce film en japonais sous titré en anglais et traduit par notre interprète, est intitulé : « Morita Therapy to live ». Il est introduit par le Pr Shigeyoshi Okamoto qui nous brosse le panorama de la Thérapie de Morita au Japon aujourd’hui : 300 médecins pratiquent la Thérapie de Morita au Japon. Peu réfèrent leurs soins à la philosophie du Zen. Les autres ont pris de la distance avec cette philosophie qui est à la base de cette thérapie et ne savent pas ce qui est pratiqué à l’hôpital Sansei qui est un élément attesté dans l’historique de cette thérapie. Le film fait découvrir un lieu de pratique de la Thérapie de Morita qui demeure un mystère pour un certain nombre de praticiens de cette dernière. Le scénario du film est construit sur l’hospitalisation à Sansei d’un garçon qui a une phobie d’autrui. Après plus de deux heures de projection captivantes, nous dialoguons avec le réalisateur. Ce film met en évidence une thérapie qui permet un lâcher prise de la jouissance sans changer la problématique névrotique sous-jascente qui est mise à distance, en moins de trois semaines. Le patient, libéré d’une pathologie invalidante, peut ensuite valoriser pleinement son talent artistique.

 

Après une courte pause, nous avons deux communications qui toutes les deux concernent l’enfance et l’adolescence, sous deux regards culturels différents : canadien puis japonais. Le premier intervenant est le Dr André Gagnon, pédopsychiatre à l’Hôpital Pierre Janet à Gatineau (au Québec au nord d’Ottawa). Sa communication est intitulée : « Formation et confusion de l’identité culturelle et spirituelle ». Le Dr André Gagnon commence par s’appliquer à lui même le thème de son exposé, nous présentant son origine, ses études et sa famille. Il poursuit sur une mise en cause des schémas simplistes de l’identité en termes d’évolution ou d’arbre généalogique. Il parcourt les différentes définitions du mot identité puis s’arrête un moment sur l’identité dans le développement de soi. Puis sur les enjeux transgénérationnels, l’articulation famille, culture et société.

 

Le second intervenant est le Dr Kiyoshi Shiraishi qui est un psychologue japonais lacanien, Chef du Centre des Soins des Enfants dans l’Hopital Psychiatrique Nozoe à Fukukoa dans l’ile Kyushu. Il communique sur le thème : «  Les pathologies et les soins des enfants et des adolescents au Japon, du point de vue psychanalytique – Approche psychothérapique et préventive pour le développement de l’enfant du couple schizophrénique » Il nous annonce qu’il va essayer de nous présenter en première partie, ce qui se passe actuellement chez les enfants et les adolescents au Japon. Les problèmes actuellement rencontrés par le psy des enfants et des adolescents du Japon, nous dit-il, nous conduisent à évoquer obligatoirement un drame tragique à la fin des années 1980 : un père assassinait son fils qui dormait, à l’aide d’une batte de base ball. Le père vivait à ce moment là un enfer dans sa vie quotidienne, à cause de son fils enfermé qui présentait des actes violents au domicile notamment envers sa mère. Dans les années 1990, se pratiquait  l’IJIME qui consistait à agresser un (ou une) élève sélectionné à l’école. Ainsi, il y eut beaucoup de victimes tuées ou qui se sont suicidées. Ce phénomène de violences dans l’école existe encore aujourd’hui et devient un véritable problème social. Dans le même temps, il y a des négligences et des maltraitances nourricières, des meurtres de bébés et de petits enfants par les parents. Un autre phénomène est le HIKIKOMORI qui consiste à refuser l’école et à s’enfermer volontairement au domicile sans avoir des contacts socio-familiaux, tout en commettant parfois des actes de violence volontaire envers des membres de la famille. Il poursuit sur l’évolution sociétale sous les coups de l’environnement médiatique et de la crise économique. Le Dr Kiyoshi Shiraishi conclut la première partie de son exposé par ce constat : « le Japon actuel pour les enfants est ce que je viens de vous présenter et les enfants japonais sont vraiment fatigués. » La seconde partie de l’exposé est un cas clinique qui nous illustre, entre autre, comment, dans l’hôpital psychiatrique Nozoe installé à Fukukoa, le Dr Kiyoshi Shiraishi a promu la psychanalyse d’inspiration française (lacanienne) comme outil de référence dans la prise en charge des enfants et des adolescents. Sa communication s’inscrit donc pleinement dans la démarche francophone internationale de Psy Cause. Il acceptera d’ailleurs, le surlendemain, d’entrer dans le comité de rédaction francophone de la revue Psy Cause. Il nous expose dans  sa communication, la prise en charge psychanalytique d’un enfant de parents perturbés par la psychose, présentant des symptômes de violence, en maniant les concepts lacaniens et en situant la dynamique thérapeutique dans un travail sur le père imaginaire et le père symbolique.

 

Le compte rendu de la matinée du 20 octobre, dont nous donnons ci-après un résumé, est à lire sur le site dans le carnet N°5.

 

Cette seconde matinée est intégralement managée par le Pr Shigeyoshi Okamoto. Elle se déroule à l’Hôtel Ana Crowne Plaza de Kyoto. Le Pr Shigeyoshi Okamoto ouvre les travaux avec une communication intitulée : « La Thérapie de Morita et le Zen, communication pour la visite de l’Hôpital Sansei » :

 

« À propos du Zen, après ma communication, Maître Nishimura fera une conférence spéciale. Comme j’ai du m’occuper de ce congrès, je n’ai pas pu consacrer suffisamment de temps à la préparation de ma communication. En outre, la fermeture en décembre de cette année de l’Hôpital Sansei a été décidée comme un baisser de rideau sur une longue histoire de 92 ans. Cela étant, dans la première partie de ma communication, je vais exposer sommairement les relations entre le Zen et la thérapie de Morita. Et dans la seconde partie, je parlerai de l’histoire de l’Hôpital Sansei. Cette communication reprenant pour partie le contenu de l’article que j’ai publié l’année dernière dans Psy Cause, je vous invite donc à le relire. » Le Pr Shigeyoshi parle donc d’abord de l’essence du zen dont l’objectif est d’accepter les douleurs et de vivre avec les autres.

 

Il en vient à la thérapie de Morita qui a pour point de départ une forme d’hospitalisation caractéristique : « Morita a accueilli des patients dans sa maison comme des membres de sa famille, et a mené la vie commune avec eux. Dans cette thérapie, le rôle paternel de Morita, thérapeute, a été très important. Mais le rôle maternel tenu par sa femme a également été indispensable. De même, la fraternité entre patients dans la vie en groupe, leur a permis de développer leur sociabilité.

 

L’hospitalisation consiste en quatre étapes :

– la première étape est celle du coucher absolu,

– la deuxième étape est celle de l’observation du monde extérieur,

– la troisième étape est celle du travail,

– la quatrième étape est celle de la vie sociale compliquée.

Les patients suivent chaque étape dans l’ordre. Ils gardent d’abord le lit sans rien faire au cours de la première étape. Ce faisant, ils font exclusivement face à leur moi et par cette expérience, ils se libèrent de l’esclavage de l’ego et restaurent le soi pur. Prenant un nouveau départ avec cette expérience de renaissance de soi, et passant par les différentes étapes, ils accroissent leur humanité.

 

Comme Morita était médecin, il lui incombait dans l’immédiat de guérir les symptômes de ses patients névrosés. Mais chez l’homme, l’inquiétude et le sentiment de sérénité étant comme les deux faces d’une même médaille, le désir d’éliminer la seule inquiétude d’un névrosé est impossible à réaliser et on reste dans un palais des illusions. Un traitement véritable doit extirper ce genre d’illusions. Morita a enseigné que la guérison n’était rien d’autre que de vivre jusqu’au bout avec les douleurs. Dans ce sens, il a assimilé la guérison à l’éveil. »

 

Le Pr Shigeyoshi Okamoto en arrive dans son exposé à l’Hôpital Sansei qui est une application fidèle au zen, de la thérapie de Morita : « il y a un hôpital qui a une inspiration zen plus poussée que la thérapie effectuée par Morita. C’est l’Hôpital Sansei qui se situe à Kyoto. Le Dr Genn-yu Usa, bonze et psychiatre, était un disciple direct de Morita. En 1922, il a fondé la clinique Sansei qui est à l’origine de l’hôpital, dans l’enceinte même du temple de Tôfukuji et il y a commencé le traitement par hospitalisation de la Thérapie de Morita. Cinq ans plus tard, en 1927, cette clinique est devenue officiellement un hôpital. Ainsi, le Dr Genn-yu Usa qui en a été le premier directeur, a traité les névrosés par l’hospitalisation dans cet établissement et y a fidèlement appliqué la thérapie de Morita, son maître. Morita est mort en 1938 mais l’Hôpital Sansei qui a hérité de la Thérapie de Morita, a continué à jouer un rôle historique important en tant qu’établissement représentatif de cette thérapie, dans notre pays. Quand, en 1957, le premier directeur, Genn-yu Usa, est décédé, c’est son fils, le Dr Shin-ichi Usa qui est devenu le deuxième directeur. Et jusqu’à aujourd’hui, il a conservé la thérapie qui garde la pensée et la méthode zen mise au point par son père qui était tout à la fois bonze zen et fidèle partisan de la Thérapie de Morita. Le deuxième directeur aura bientôt 88 ans et il a décidé tout dernièrement de cesser les consultations à la fin de décembre. Comme il fallait annoncer la fermeture aux patients, un avis a été affiché à la porte de l’hôpital mais elle n’a pas encore été annoncée officiellement à l’extérieur. Mais cette fois, vous qui assistez au Congrès de Psy Cause, vous aurez pu prendre part au mouvement de l’histoire en venant à Kyoto au moment important où le flambeau de la Thérapie de Morita traditionnelle est sur le point de s’éteindre. Ce n’est pas à moi d’annoncer officiellement la fermeture de l’hôpital mais comme le hasard a voulu que ce congrès se tienne juste avant la fermeture de l’hôpital, vous en serez peut-être les derniers visiteurs étrangers. C’est en pensant à cela que je vous ai révélé à dessein la fermeture de l’hôpital. Les Japonais ici présents comprendront que je leur donne les dernières nouvelles de l’Hôpital Sansei dans le cadre de ce Congrès de Psy Cause. »

 

Le Pr Shigeyoshi Okamoto aborde alors sa seconde communication, à savoir la présentation du maître Zen Eshin Nishimura : « J’aimerais maintenant vous présenter Maître Eshin Nishimura qui va faire une conférence spéciale sur le Zen. Ce que je voudrais dire pour commencer, c’est « Ecce Homo ! » Il s’agit du titre de l’autobiographie de Nietzsche et ça signifie « Regardez cet homme ». L’origine de cette expression latine dont le sens semble complexe, se trouve dans le Nouveau Testament. Mais sans trop me soucier de son origine, c’est tout simplement dans le sens de « Regardez cet homme », que je voudrais citer cette expression. Regardez cet homme en chair et en os, regardez son visage, écoutez directement sa voix. Cette présentation maladroite est peut-être inutile mais je la fais quand même pour vous présenter le parcours de Maître Nishimura. » La suite de cette présentation du maître zen est à lire sur le site.

 

Après une courte pause, arrive le maître pour une conférence de 90 minutes suivie de 30 minutes pour les questions. Question : quelle restitution faire dans ce compte rendu ? Nous avons un enregistrement réalisé par la Dr Patricia Princet mais nous allons prendre le temps nécessaire de la réflexion sur ce qu’il y a lieu de faire. Dans l’immédiat de ce carnet, contentons nous de dire que le Maître Nishimura a communiqué sur le thème : « Qu’est-ce le Zen et pourquoi le Zen ? ». Nous avons regardé sa présence, sa gestuelle, entendu ses paroles en anglais, les comprenant parfois, avec le sentiment d’une rencontre d’exception. La langue anglaise étant la langue de référence du maître, le Dr André Gagnon qui est parfaitement bilingue a accepté le rôle d’interprète dans l’échange des questions/réponses entre les congressistes et le maître, ce qui a permis a posteriori pour celles et ceux qui maitrisent mal l’anglais, d’accéder à la pensée Zen du maître.

 

L’application concrète de cette matinée du 20 octobre s ‘est déroulée le lendemain avec la visite de l’Hôpital Sansei à lire sur le site dans le carnet N°6. À lire également dans le carnet N°7, la soirée de gala du 20 octobre, soirée au cours de laquelle nous avons fêté les 19 ans de Psy Cause et mis à l’honneur toutes celles et ceux, présents à Kyoto, qui ont contribué de façon déterminante au succès de la nouvelle dynamique de Psy Cause initiée depuis deux ans.

 

国際PSYCAUSE学会(京都)の開催報告―フランス語版の転載―(付)10月22日:懇親会―

2014/11/10

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Journal du congrès de Kyoto : carnet N°7. Soirée d’anniversaire du 21 octobre 2014

 

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01-Chateau-Nijo-15.10.14Comme précédemment lors du congrès Psy Cause à Ottawa il y a une année, nous fêtons l’anniversaire de Psy Cause le soir du 21 octobre 2014 à Kyoto. Le Président a tenu à ce que cette fête soit tout particulièrement dédiée à celles et ceux qui se sont personnellement les plus investis dans la nouvelle dynamique de Psy Cause depuis les difficultés de l’hiver 2012/2013. Cette soirée de gala du congrès Psy Cause de Kyoto se déroule dans un restaurant situé à dix minutes de marche de l’hôtel des congressistes, face au Château Nijo, ancienne résidence du Shogun, et dans l’un des seuls jardins légendaires qui subsistent du premier Palais Impérial de Kyoto (fondé en 794). Le repas consiste en un dîner de shabu-shabu suivis du traditionnel gâteau avec 19 bougies puisque Psy Cause a 19 ans.

 

02-wadaiko-Sur une idée de la Dr Catherine Lesourd appuyée par la Dr Patricia Princet, la cérémonie débute par un spectacle de tambours, de percussions traditionnelles japonaises autant musicales que visuelles « wadaïko ». Cet art est en lien avec les arts martiaux et donc avec l’annonce de la guerre. La gestuelle est très importante dans le « wadaïko » avec une recherche du geste pur inspirée des arts martiaux, inspiration que l’on retrouve également dans la cérémonie du thé. L’art militaire fut au Japon une référence première qui s’est déclinée dans de nombreux domaines, la société des samouraï ayant dominé le pays pendant de nombreux siècles. La soirée anniversaire de Psy Cause a donc débuté par le roulement guerrier des tambours.

 

03-Son-paixLe maître zen qui était intervenu au second jour de notre congrès, le Maître Eshin Nishimura, s’est fait représenter à notre soirée de gala par l’un de ses disciples qui s’est proposé de jouer d’un instrument traditionnel japonais, une sorte de conque, après les tambours. Il nous en explique la symbolique : après l’appel à la guerre du « wadaïko » qui résonne de loin en loin, survient la musique de son instrument qui transmet la voix de Bouddha, appel à la paix et à la réconciliation. Quelle belle symbolique pour ce repas anniversaire de Psy Cause ! Le Pr Shigeyoshi Okamoto, présent lui aussi dans cette soirée anniversaire, a suivi depuis des années l’évolution de Psy Cause en tant que rédacteur japonais de la revue. Il n’est peut être pas étranger à ce message d’harmonie pour que réussisse Psy Cause dans sa mission internationale, laquelle est importante pour nos interlocuteurs japonais.

 

04-AppelC’est alors que le Président, le Dr Jean Paul Bossuat, appelle toutes celles et tous ceux qui sont venus au congrès de Kyoto et qui ont fait avancer Psy Cause de façon décisive ces deux dernières années.

 

05-Pahin-canada-4.10.13

Il appelle en premier Mme Marie José Pahin que l’on peut considérer comme une contributrice à la fondation de Psy Cause, il y a 19 ans, puisqu’elle écrivait dans le N°1 de la revue Psy Cause et rejoignait notre équipe dès la première année. À l’époque, psychologue clinicienne à l’Hôpital Édouard Toulouse et psychanalyste à Marseille, elle enseignait les concepts de la psychanalyse à des infirmiers d’une structure de soins du service du Dr Jean Paul Bossuat pour leur permettre de mieux se repérer dans la prise en charge des patients. Sa fidélité à Psy Cause ne s’est jamais démentie et elle a pris à cœur sa fonction de co-rédactrice en chef, sollicitant par exemple le Dr Bernard Hubert, psychiatre et psychanalyste à Marseille, dont le passionnant article sur le meurtre commis par Althusser vient d’être publié dans le N°65. Membre du conseil d’administration, elle a été très impliquée dans la nouvelle dynamique de l’association en 2013.

 

06-Rochegude-Griguer-29.3.14

Le président appelle en second le Dr Jean Louis Griguer. Psychiatre chef de pôle à Valence, Docteur en philosophie, il a joué un rôle déterminant dans l’activité scientifique actuelle de Psy Cause en France en promouvant tout au long de l’année 2013 l’idée d’un colloque clinique dans le cadre convivial du Château de Rochegude, sur les États limites, qu’il managera le 29 mars 2014. Le succès de cette formule l’amène à la renouveler le 11 avril 2015 avec un colloque Rochegude II qui aura pour thème : Les troubles bipolaires. Il souhaite que ce Château de Rochegude devienne, en France, un lieu de rassemblement annuel des membres du réseau Psy Cause autour d’une réflexion commune sur la clinique. Il expliquera le lendemain lors de la réunion associative ouverte Psy Cause, que, pour porter une parole dans d’autres pays, il est important d’avoir une activité scientifique de qualité en France.

07-Seminaire-Pessiot-6.7.13Le président appelle ensuite Mme Marie Christine Pessiot. Spécialiste du conseil en entreprise, elle n’est pas une professionnelle de la psy. Mais passionnée par la psy, elle est venue à notre congrès au Cambodge et, dès janvier 2013, elle s’engage pour aider Psy Cause dans son nouveau cap. Elle entre au conseil d’administration et apporte son expertise en organisant des séminaires stratégiques : le premier en juillet 2013 à Avignon, le second en septembre 2013 à l’Estaque (Marseille). Elle demeure disponible pour nous aider à adapter notre fonctionnement à l’évolution de l’association et de la revue, laquelle est très rapide.

 

Après avoir appelé ces trois membres importants de Psy Cause, à ses côtés dès janvier 2013 pour que Psy Cause réussisse, le président appelle les deux organisatrices françaises du congrès de Kyoto qui nous rassemble en cette soirée anniversaire de gala, les Drs Patricia Princet et Catherine Lesourd. Il a souhaité appeler également le Pr Shigeyoshi Okamoto, organisateur japonais du congrès, mais ce dernier, à cause d’un problème de santé, a été dans l’obligation de discrètement quitter la table dans cette soirée à une heure tardive.

08-PrincetLa Dr Patricia Princet, psychiatre chef de service et Présidente de la CME à l’Hôpital de Fains Veel, a manifesté en avril 2013 sa disponibilité pour un engagement personnel dans Psy Cause. Cet engagement s’est concrétisé au congrès d’Ottawa en octobre 2013 où elle faisait une communication. Elle partageait avec la Dr Catherine Lesourd également présente, un grand intérêt pour la culture japonaise. Toutes les deux avaient regretté l’absence du Pr Shigeyoshi Okamoto à Siem Reap en novembre 2012 et pensaient que nous pourrions organiser une manifestation scientifique en particulier autour de la Thérapie de Morita. La Dr Catherine Lesourd, pédopsychiatre dans l’îlede la Martinique, était allée au début de l’été 2013 à Kyoto pour rencontrer le Pr Shigeyoshi Okamoto et visiter l’Hôpital Sansei. L’idée d’un congrès au Japon en 2014 fut plébiscitée par les congressistes avant d’être validée par l’association. Ainsi missionnées, les deux collègues, malgré des lieux d’exercice professionnels séparés par des milliers de kilomètres (c’est cela aussi Psy Cause), ont effectué toutes les deux un repérage en mars 2014 au Japon, qui a permis de monter l’organisation de ce congrès pour Psy Cause. Ce montage a été effectué en lien permanent avec le président et le conseil d’administration, et son déroulement, en ce mois d’octobre au Japon, se doit d’expliciter un travail en équipe exemplaire, gage de la réussite des congrès futurs. Le dernier repas pris en commun à Nara le 24 octobre avant l’extension de Tokyo, et dont nous reparlerons dans un prochain carnet, a été placé sous le signe de l’harmonie et a permis à toute l’équipe organisatrice française de se rassembler une dernière fois en présence des congressistes.

 

09-rencontreDirecteur

10-PaolettiLe président appelle le Dr Jean Dominique Paoletti qui a été très présent aux côtés de Psy Cause en cette année 2014. Il s’est fait à Marseille l’avocat du congrès de Kyoto auprès de ses collègues et a convaincu une très importante délégation de congressistes de se joindre à nous. Au cours de ces journées au Japon, il apporte sa note personnelle à l’ambiance et participe par son humour et sa disponibilité auprès de tous, à une dynamique de groupe réussie. Membre de l’association, il sera pleinement associé à nos futurs projets, ce qui sera le cas lors de la réunion associative ouverte du lendemain.

 

Bien évidemment, nous exprimons dans ce compte rendu une pensée pour les personnalités de Psy Cause qui avaient manifesté leur désir de venir à Kyoto mais n’en n’ont pas eu la possibilité. Ainsi, le Dr Thierry Lavergne, second personnage de Psy Cause en tant que vice président de l’association et directeur adjoint de la revue, est allé à la demande de l’association, représenter la direction de Psy Cause à Tunis au congrès tunisien unitaire de psychiatrie qui, pour la première fois, rassemblait la totalité des associations scientifiques tunisiennes de psychiatrie. Psy Cause avait été sollicitée pour ce rassemblement qui s’inscrit dans le contexte de la nouvelle Tunisie post-révolutionnaire. Ce congrès, auquel la présence est incontournable pour une revue francophone internationale comme la nôtre, se déroule en même temps que le congrès de Kyoto.

 

Par ailleurs le Pr François Borgeat, de Montréal, a été empêché par un problème de santé prolongé de sa conjointe Carmen qui avait communiqué avec lui au congrès Psy Cause d’Ottawa dont il avait présidé le comité scientifique. Il nous a fait connaître son engagement dans le projet d’un groupe Psy Cause au Canada avec un siège social à l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal. Tous nos vœux de guérison lui sont adressés ainsi qu’à sa conjointe.

 

Enfin, le Pr Raymond Tempier, d’Ottawa, évoqué dans la communication d’ouverture en hommage au Pr Ka Sunbaunat, était mobilisé en septembre peu de temps avant le congrès de Kyoto, par la remise solennelle du prix de Genève pour les droits de l’homme en psychiatrie au Pr Ka Sunbaunat lors du congrès mondial de psychiatrie à Madrid.

 

Le président appelle alors sa femme sans l’engagement et les connaissances de laquelle, le congrès au Cambodge n’aurait pu avoir lieu, congrès qui fut pour Psy Cause le point de départ d’une rencontre avec la civilisation de l’Extrême Orient.

 

11-GateauLe moment est alors venu de souffler les 19 bougies du gâteau d’anniversaire de Psy Cause par le président et l’ensemble des personnes appelées. La soirée se termine par une ambiance très festive avec des déguisements traditionnels japonais.

 

Jean Paul Bossuat

国際PSYCAUSE学会(京都)の開催報告―フランス語版の転載―(4)10月21日:三聖病院訪問―

2014/11/10

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Journal du congrès de Kyoto : carnet N°6. Hôpital Sansei et Zen, 21 octobre 2014

 

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Cette troisième journée de congrès comprend en journée deux parties : la visite de l’Hôpital Sansei, une séance de méditation dans un temple zen. Le groupe des congressistes s’est divisé en deux pour ces deux parties de la journée qui se sont donc déroulées en alternance. Le rédacteur de ce compte rendu est le matin à l’Hôpital Sansei et l’après midi en séance de méditation.

La visite de l’Hôpital Sansei

 

01-Hopital-Sansei-21.10.14Le Pr Shigeyoshi Okamoto nous attend devant le portail de l’enceinte de l’Hôpital Sansei. Nous nous rassemblons ensuite dans le jardin devant le monument du directeur fondateur de l’établissement, le Dr Genn-yu Usa (dont la photo a été publiée dans le carnet N°5). Cet hôpital a une histoire presque centenaire et nous savons que les congressistes de Psy Cause en seront très probablement les derniers visiteurs étrangers. Le Pr Shigeyoshi Okamoto nous convie dans un premier temps à effectuer un tour extérieur du bâtiment, à arpenter cet espace fortement investi par les patients puisqu’il correspond à la seconde étape de la Thérapie de Morita, celle de l’observation du monde extérieur après la première étape du coucher absolu. Lors de la projection du film Morita Therapy to live, nous avions vu le patient y observer longuement une fleur à l’aide d’une loupe.

 

Le jardin est comme le lieu d’une expérience de renaissance ou, plus exactement selon le Zen, d’un retour à l’union harmonique avec la nature qui avait été perturbée par la maladie psychique. Cet espace relativement exigu en plein cœur de la ville de Kyoto, est savamment aménagé selon le modèle des jardins japonais qui en font une miniature de l’univers, un lieu propice à la méditation au sens zen. Nous reviendrons tout à l’heure sur l’expérience de méditation. Nous rencontrons lors de notre parcours des morceaux de bois, des objets portant chacun une inscription en rapport avec des préceptes de la Thérapie de Morita.

02-congressistes-jardin

Le premier artéfact, montré du doigt par le Pr Shigeyoshi Okamoto, est un bâton gravé de la sentence : « garde à distance ton cœur ». C’est à dire « prend de la distance avec tes peurs, tes émotions, tes souffrances ».

 03-Garde-a-distance-ton-coeur

04-Formless-selfNous stationnons ensuite devant un étang miniature empli de poissons rouges qui, pour l’auteur de ce compte rendu, a une certaine familiarité. Je me souviens d’une visite de l’hôpital de jour psychiatrique « Modra Laguna » de notre rédacteur à Prague, le Dr Jan Cimicky. Dans un angle du petit jardin de cette structure de soins, je découvrais une lagune miniature d’un bleu polynésien qui donnait son nom au lieu. Derrière ce micro-étang, une planche est inscrite : « formless self. Avril 2000 ». C’est à dire que le soi n’a pas de forme fixée, il change sans cesse. La photographie ci-contre nous montre le Pr Shigeyoshi Okamoto au bord de l’étang.

05-Ne-parle-pas-si-tu-veux-guerirLa fin de notre déambulation autour du bâtiment d’hospitalisation, nous fait encore découvrir deux artéfacts sous la forme de bâtons blancs. Le premier commande : « ne parle pas si tu veux guérir ». Cette sentence sera explicitée par une autre inscription que nous trouverons à l’intérieur de l’hôpital qui déclare : « on n’utilise pas la parole pour parler du conscient, on utilise la parole pour parler à d’autres ». Autrement dit, pour guérir, il faut quitter les pièges de son ressenti personnel et ne se situer que dans la socialisation qui est l’étape N°4 de la Thérapie de Morita.

06-EspoirLa fin du parcours est balisée par un ultime artéfact, autre bâton blanc gravé qui nous apporte un dernier message : « espoir ». Sans doute une ponctuation marquant la fin de la deuxième étape de la Thérapie de Morita. Cependant, pour nous, congressistes étrangers présents en ce lieu juste avant le « baisser de rideau » évoqué la veille par le Pr Shigeyoshi Okamoto, germe aussi un espoir : que ce lieu historique de la Thérapie de Morita ne disparaisse pas sous la pelleteuse d’un démolisseur, mais devienne pour le moins un lieu de mémoire et d’étude. En 2011, nous étions en République Tchèque à Pribor à proximité de la maison natale de Sigmund Freud pour notre VII° congrès international et les congressistes ont ensuite effectué un pèlerinage dans l’appartement de travail de l’inventeur de la psychanalyse à Vienne. Nous émettons donc ce vœu et cet espoir que l’Hôpital Sansei survive comme référence historique.

Le temps est venu de pénétrer dans le bâtiment hospitalier. Le directeur, le Dr Shin-ichi Usa, nous attend debout sur le perron, appuyé sur une canne, du haut de ses 88 ans, le visage emprunt de gravité. Nous avons devant nous un homme qui, dans les dix premières années de son enfance, fut un contemporain du Dr Morita. Son père, fondateur de cet établissement conçu pour mettre en pratique les idées du Dr Morita, lui a passé le flambeau à sa mort en 1957. Cet homme en tant que second directeur, a maintenu l’œuvre de son père pendant 57 ans. Il nous invite à visiter l’œuvre de toute une vie et au delà. Une maxime est affichée dans le hall d’entrée : « Seule la réalité est la vérité ».

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08-PassageÉquipés de chaussons, nous pénétrons dans ce lieu de soins à l’architecture sobre et épurée typiquement japonaise mais illustrée d’écrits : « une vie menée régulièrement, c’est que l’on est presque guéri », « l’effort procure le bonheur », « Il convient de vivre en groupe avec la solitude de chacun », par exemple. Ces écrits sont disposés principalement au dessus de passages d’une pièce à une autre, d’une lecture incontournable au quotidien. Cette avancée dans la structure de soins nous permet de ressentir l’ambiance très particulière qui se dégage. Un peu comme la veille avec le maître zen.

 

09-Shin-ichi-Usa-2Notre visite s’achève dans la salle de cours où le Dr Shin-ichi Usa délivre son enseignement aux patients. Nous sommes invités à lui poser des questions. Nous apprenons ainsi que l’Hôpital Sansei traite actuellement 500 patients par an, à partir de l’âge de 13 ans et que l’indication de l’hospitalisation pour les 4 étapes de la Thérapie de Morita est la névrose. Dans le film que nous avions regardé le 19 octobre, le Dr Shin-ichi Usa avait fait observer à son patient qu’il était devenu un « Ninja ». Il nous explique que ce mot qu’il avait utilisé signifie selon lui « un patient patient ».

 

Au nom de Psy Cause, le directeur de la revue lui a remis un exemplaire du numéro 64 sur leCambodge, lequel contient l’article du Pr Shigeyoshi Okamoto qui correspond à une communication au congrès de Siem Reap en 2012. Après la séance, il regarde avec la plus grande attention le contenu de ce numéro qui traite du bouddhisme en psychiatrie et dans les psychothérapies. La visite terminée, le Dr Shin-ichi Usa s’installe de nouveau devant l’entrée pour un dernier salut solennel. Nous quittons l’Hôpital Sansei pleinement conscients de l’importance de ce que nous venons de vivre.

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Méditation dans le temple Shunko-in

 

11-Shunko-inEn complément de cette visite de l’Hôpital Sansei, nous sommes conviés l’après midi à vivre une séance de méditation dans le temple Shunko-in. Ce temple bouddhiste Zen, fondé en 1590, de Kyoto appartient à l’école Myoshin-ji (« temple de l’esprit excellent »), qui est la plus importante des 14 écoles japonaises Rinzai du bouddhisme Zen. Autrement dit un bon endroit pour nous initier à la méditation zen, qui intègre les mêmes références que celles du maître Eshin Nishimura que nous avons regardé et écouté la veille. Un bonze spécialisé dans l’accueil des étrangers nous installe dans un décors traditionnel épuré avec cloche et claquettes pour rythmer la séance.

 

Il nous demande de tenir notre colonne vertébrale bien droite, de respirer en expirant lentement et soit de fermer les yeux, soit de regarder un point fixe du jardin, l’objectif étant de faire le vide intérieur. Les jardins de ce temple sont très étudiés et sont la seule décoration sur laquelle la salle de méditation est largement ouverte. L’expérience est spectaculaire en ce sens que l’absence de parasitage de l’esprit permet d’entendre toutes sortes de sons de la nature. Pas de doute, nous entrons en communion avec la portion d’univers que nous percevons.

 

 13-meditation-2

La séance terminée, le bonze nous explique la séance de méditation. On pouvait s’attendre a des remarques issues du fonds culturel bouddhiste des plus intéressantes. Et là, surprise ! Il nous raconte qu’il est allé étudier la neurologie aux États Unis et nous commente la séance par l’augmentation du CO2 dans le cerveau induite par la technique de respiration, par les connexions qui s’établissent entre le cortex et l’amygdale en passant par le circuit limbique. En concluant qu’un travail de prévention contre l’agressivité pourrait être mis en place par l’usage en santé publique, de cette technique. Là, on peut se dire que l’on est loin de l’Hôpital Sansei. Mais après quelques instants de consternation qu’une telle argumentation soit possible dans un temple, il est possible de percevoir l’essence même du Zen. Rappelons-nous les sentences lues le matin : « garde la distance avec ton cœur », « seule la réalité est la vérité ». Qu’est ce que la réalité ? Ce ne sont pas les pensées mais la chair, les neurones. La sérénité, c’est l’acceptation de l’existence de la réalité. C’est du moins une leçon perçue par le rédacteur de ce compte rendu.

 

Jean Paul Bossuat

国際PSYCAUSE学会(京都)の開催報告―フランス語版の転載―(3)10月20日―

2014/11/10

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Journal du congrès de Kyoto : carnet N°5. Matinée de congrès du 20 octobre 2014

 

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Cette seconde matinée est intégralement managée par le Pr Shigeyoshi Okamoto. Elle se déroule à l’Hôtel Ana Crowne Plaza de Kyoto. Elle est entièrement consacrée à la philosophie Zen inspiratrice de la Thérapie de Morita à l’Hôpital Sansei. Le Pr Shigeyoshi Okamoto ouvre les travaux avec une communication intitulée : « La Thérapie de Morita et le Zen, communication pour la visite de l’Hôpital Sansei » :

 

01-Okamoto« À propos du Zen, après ma communication, Maître Nishimura fera une conférence spéciale. Comme j’ai du m’occuper de ce congrès, je n’ai pas pu consacrer suffisamment de temps à la préparation de ma communication. En outre, la fermeture en décembre de cette année de l’Hôpital Sansei a été décidée comme un baisser de rideau sur une longue histoire de 92 ans. Cela étant, dans la première partie de ma communication, je vais exposer sommairement les relations entre le Zen et la thérapie de Morita. Et dans la seconde partie, je parlerai de l’histoire de l’Hôpital Sansei. Cette communication reprenant pour partie le contenu de l’article que j’ai publié l’année dernière dans Psy Cause, je vous invite donc à le relire.

 

Le mot « Zen » a pour origine le sanscrit « dhyâna » qui a été reproduit oralement en chinois et s’est déformé en « zen’na ». Ensuite, on a supprimé le « na » et c’est devenu « zen ». La signification originelle de « dhyâna » était « pensée profonde ». Mais à quoi pensait-on profondément ? Il s’agissait de s’examiner par introspection. La tâche principale du bouddhisme est de vivre les douleurs. Tous les individus, Orientaux comme Occidentaux, sont seuls et ne peuvent vivre en évitant les douleurs. Par ailleurs, en poursuivant son soi, on aperçoit qu’on ne pourra pas séparer son soi du soi d’autrui : on voit donc l’importance de la coexistence en société.

 

Les névrosés ne sont pas les seuls à avoir tendance à oublier d’accepter les douleurs ou de vivre avec les autres, c’est notre cas à nous aussi. C’est ce que dit le bouddhisme et on peut dire que le Zen est la quintessence du bouddhisme. Morita a dit que sa thérapie était quelque chose qui se situait à l’intersection de la science, du bouddhisme et de la philosophie.

 

La Thérapie de Morita a pour point de départ une forme d’hospitalisation caractéristique. Morita a accueilli des patients dans sa maison comme des membres de sa famille, et a mené la vie commune avec eux. Dans cette thérapie, le rôle paternel de Morita, thérapeute, a été très important. Mais le rôle maternel tenu par sa femme a également été indispensable. De même, la fraternité entre patients dans la vie en groupe, leur a permis de développer leur sociabilité.

 

L’hospitalisation consiste en quatre étapes :

– la première étape est celle du coucher absolu,

– la deuxième étape est celle de l’observation du monde extérieur,

– la troisième étape est celle du travail,

– la quatrième étape est celle de la vie sociale compliquée.

Les patients suivent chaque étape dans l’ordre. Ils gardent d’abord le lit sans rien faire au cours de la première étape. Ce faisant, ils font exclusivement face à leur moi et par cette expérience, ils se libèrent de l’esclavage de l’ego et restaurent le soi pur. Prenant un nouveau départ avec cette expérience de renaissance de soi, et passant par les différentes étapes, ils accroissent leur humanité.

 

03-MoritaComme Morita était médecin, il lui incombait dans l’immédiat de guérir les symptômes de ses patients névrosés. Mais chez l’homme, l’inquiétude et le sentiment de sérénité étant comme les deux faces d’une même médaille, le désir d’éliminer la seule inquiétude d’un névrosé est impossible à réaliser et on reste dans un palais des illusions. Un traitement véritable doit extirper ce genre d’illusions. Morita a enseigné que la guérison n’était rien d’autre que de vivre jusqu’au bout avec les douleurs. Dans ce sens, il a assimilé la guérison à l’éveil.

 

Avec ce que j’ai dit jusqu’ici, il me semble qu’il est facile de comprendre que la Thérapie de Morita elle-même est quelque chose qui correspond bien au Zen. Et à ce propos, il y a un hôpital qui a une inspiration zen plus poussée que la thérapie effectuée par Morita. C’est l’Hôpital Sansei qui se situe à Kyoto. Le Dr Genn-yu Usa, bonze et psychiatre, était un disciple direct de Morita. En 1922, il a fondé la clinique Sansei qui est à l’origine de l’hôpital, dans l’enceinte même du temple de Tôfukuji et il y a commencé le traitement par hospitalisation de la Thérapie de Morita. Cinq ans plus tard, en 1927, cette clinique est devenue officiellement un hôpital. Ainsi, le Dr Genn-yu Usa qui en a été le premier directeur, a traité les névrosés par l’hospitalisation dans cet établissement et y a fidèlement appliqué la thérapie de Morita, son maître. Morita est mort en 1938 mais l’Hôpital Sansei qui a hérité de la Thérapie de Morita, a continué à jouer un rôle historique important en tant qu’établissement représentatif de cette thérapie, dans notre pays. Quand, en 1957, le premier directeur, Genn-yu Usa, est décédé, c’est son fils, le Dr Shin-ichi Usa qui est devenu le deuxième directeur. Et jusqu’à aujourd’hui, il a conservé la thérapie qui garde la pensée et la méthode zen mise au point par son père qui était tout à la fois bonze zen et fidèle partisan de la Thérapie de Morita.

 

Le deuxième directeur aura bientôt 88 ans et il a décidé tout dernièrement de cesser les consultations à la fin de décembre. Comme il fallait annoncer la fermeture aux patients, un avis a été affiché à la porte de l’hôpital mais elle n’a pas encore été annoncée officiellement à l’extérieur. Mais cette fois, vous qui assistez au Congrès de Psy Cause, vous aurez pu prendre part au mouvement de l’histoire en venant à Kyoto au moment important où le flambeau de la Thérapie de Morita traditionnelle est sur le point de s’éteindre. Ce n’est pas à moi d’annoncer officiellement la fermeture de l’hôpital mais comme le hasard a voulu que ce congrès se tienne juste avant la fermeture de l’hôpital, vous en serez peut-être les derniers visiteurs étrangers. C’est en pensant à cela que je vous ai révélé à dessein la fermeture de l’hôpital. Les Japonais ici présents comprendront que je leur donne les dernières nouvelles de l’Hôpital Sansei dans le cadre de ce Congrès de Psy Cause.

04-Genn-yu-Usa

 

Il va de soi que la thérapie utilisée à l’Hôpital Sansei conserve la thérapie mise au point par Shoma Morita. Mais la personnalité des deux thérapeutes qui ont dirigé l’hôpital, celle du premier directeur qui était bonze et celle de l’actuel directeur, se reflète dans la Thérapie de Morita. Il faut d’ailleurs mentionner que la thérapie de Morita telle qu’elle est utilisée à l’Hôpital Sansei, porte le nom de « thérapie d’Usa ». »

 

Le Pr Shigeyoshi Okamoto aborde alors sa seconde communication, à savoir la présentation du maître Zen Eshin Nishimura :

 

02-Salle-Sujaku« J’aimerais maintenant vous présenter Maître Eshin Nishimura qui va faire une conférence spéciale sur le Zen. Ce que je voudrais dire pour commencer, c’est « Ecce Homo ! » Il s’agit du titre de l’autobiographie de Nietzsche et ça signifie « Regardez cet homme ». L’origine de cette expression latine dont le sens semble complexe, se trouve dans le Nouveau Testament. Mais sans trop me soucier de son origine, c’est tout simplement dans le sens de « Regardez cet homme », que je voudrais citer cette expression. Regardez cet homme en chair et en os, regardez son visage, écoutez directement sa voix. Cette présentation maladroite est peut-être inutile mais je la fais quand même pour vous présenter le parcours de Maître Nishimura.

 

Maître Nishimura est né en 1933. Il a donc 81 ans. Depuis son jeune âge, il a été élevé comme petit bonze dans le temple d’une école bouddhique zen avant de faire, dans son adolescence, son entrainement au temple de Nanzen à Kyoto. Ensuite, il est allé aux États Unis pour étudier dans un institut de sciences religieuses où il a fait aussi des recherches sur le christianisme. De retour au Japon, après des études à l’Université de Kyoto, il est devenu professeur à l’Université d’Hanazono qui est une université de l’école zen de Rinzai située à Kyoto. Il a également été président de cette université. Actuellement, il est professeur honoraire et il dirige aussi l’Institut de la Culture zen qui dépend de cette université.

 

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et le plus grand spécialiste du Zen de l’école Rinzai. Il existe un nombre important de spécialistes du Zen qui enseignent le Zen comme science, aux étrangers. Si j’ai demandé cette fois-ci à Maître Nishimura de nous donner une conférence, ce n’est pas parce qu’il est le plus grand spécialiste japonais du Zen mais parce que je voudrais qu’en le voyant en chair et en os, vous ressentiez par vos cinq sens le Zen vivant qui émane de sa personne.

 

C’est moi qui ai choisi le titre de la conférence : « Qu’est-ce le Zen et pourquoi le Zen ? ». Maître Nishimura, dont la vie est celle d’un homme de zen, va parler en anglais. Essayez de recevoir les paroles de Maître Nishimura telles qu’elles sont, car que ce soit en anglais ou en japonais, il ne faudrait pas traduire ces paroles. Car il parle dans la « langue Nishimura » qui surgit de l’homme, et dès qu’on traduit, l’essence de cette « langue Nishimura » disparaît. Par conséquent vous devez ressentir avec vos cinq sens la totalité de l’être du maître, en écoutant avec vos oreilles, en regardant avec vos yeux : « la langue de Nishimura ».

 

Maintenant, je vais vous parler un peu de ma propre rencontre avec Maître Nishimura. C’était il y a une quinzaine d’années. Je me tourmentais car je ne parvenais pas à comprendre tout à fait une partie de la doctrine zen de la Thérapie de Morita de l’Hôpital Sansei. Mes interrogations portaient surtout sur l’enseignement : « Ne pas posséder la conscience de soi mais posséder la conscience d’autrui. » Mettre l’accent sur le salut d’autrui plutôt que sur son propre salut, cela correspond certes à l’enseignement du bouddhisme du Grand Véhicule, mais il y a là une division entre soi et autrui qui est contraire à la pensée du Zen qui considère que soi et autrui sont indivisibles. Alors que je me débattais dans cette difficulté, je me suis décidé à demander à Maître Nishimura, avec qui je n’avais jamais eu de relations jusqu’alors, de me guider. Il a répondu gentiment à mes questions. La tâche essentielle du Zen consiste dans « la recherche de soi » et par cette recherche, Maître Nishimura m’a enseigné le surgissement de l’expérience de fusion entre soi et autrui. Ainsi, non seulement mes questions ont disparu grâce à la pensée du Zen véritable, mais également, à travers la personne du Maître lui-même, j’ai eu l’impression de toucher le Zen vivant. J’ai donc fait l’expérience d’une émotion pleine de fraicheur : « Ah ! C’est donc ça le Zen ! ».

 

05-Maitre-Eshin-Nishimura-1Depuis lors, je respecte Maître Nishimura. Il a beaucoup de disciples éminents et même si je ne peux sans doute pas avoir le titre de disciple, il est pour moi un maître très précieux. C’est en me disant que ce serait bien si vous sentiez directement le Zen à travers Maître Nishimura, que je lui ai demandé cette conférence. Je voudrais donc vous dire encore une fois : « Ecce Homo ». »

 

Après une courte pause, arrive le maître pour une conférence de 90 minutes suivie de 30 minutes pour les questions. Question : quelle restitution faire dans ce compte rendu ? Nous avons un enregistrement réalisé par la Dr Patricia Princet mais nous allons prendre
le temps nécessaire de la réflexion sur ce qu’il y a lieu de faire. Dans l’immédiat de ce carnet, contentons nous de dire que le Maître Nishimura a communiqué sur le thème : « Qu’est-ce le Zen et pourquoi le Zen ? ». Nous avons regardé sa présence, sa gestuelle, entendu ses paroles en anglais, les comprenant parfois, avec le sentiment d’une rencontre d’exception. La langue anglaise étant la langue de référence du maître, le Dr André Gagnon qui est parfaitement bilingue a accepté le rôle d’interprète dans l’échange des questions/réponses entre les congressistes et le maître, ce qui a permis a posteriori pour celles et ceux qui maitrisent mal l’anglais, d’accéder à la pensée Zen du maître.

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Cette seconde matinée de congrès est suivie d’une après midi de pause avant la visite de l’Hôpital Sansei et une séance de méditation dans un temple Zen le lendemain, qui feront l’objet du prochain carnet.

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Jean Paul Bossuat

 

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